À l’occasion de la célébration internationale qu’est le mois des fiertés LGBTQ, nous avons, aujourd’hui, choisi de braquer les projecteurs sur un réalisateur indépendant et iconoclaste : Gregg Araki !
Qui est Gregg Araki ?
Né en 1959, aux états unis, Gregg Araki est un réalisateur américain. Il est l’un des plus célèbres représentants, avec Gus Van Sant et Todd Haynes, du New Queer Cinéma, un courant artistique né à la fin des années 80 qui voit naitre des œuvres telles que Paris is burning, My own private idaho ou bien encore Les Nuits fauves. Ce mouvement du cinéma indépendant représente l’homosexualité de la façon la plus intime possible tout en dressant un portrait plus juste des personnages gays sur grand écran.
Et cet artiste va réussir à imposer un style anticonformiste et décalé où le sexe côtoie des excès de violences grotesques. En pleine explosion du sida, il réalise trois premiers films de 1987 à 1992 : des œuvres qui posent les jalons de son univers. Gregg Araki se fait surtout un nom avec The living End qui met en scène la cavale de deux amants gays porteurs du virus Hiv avant de connaitre une plus grande reconnaissance dans le milieu underground avec son explosive Teen Apocalypse Trilogy.
La trilogie de l’apocalypse
Les années 90. MTV, chaine de télévision américaine spécialisée dans la diffusion de vidéo-clips règne sur la pop culture tandis que la disparition de Kurt Cobain, symbole du style grunge bouleverse le monde. Gregg Araki, cousin éloigné de Larry Clark et de Bret Easton Ellis, va détourner les codes du teen movie pour dresser le portrait déjanté et désenchanté d’une génération. S’emparant de l'adolescence, âge où la sexualité peut demeurer encore incertaine et où le mal-être est prégnant, le cinéaste avec Totally F***ed Up (1993), The Doom generation (1995) et Nowhere (1997), conjugue le surréalisme avec le nihilisme, le kitsch avec la pop culture...
The Doom generation suit trois jeunes paumés dans un road trip meurtrier qui révèle le puritanisme et la déliquescence des États-Unis. Baignant dans une atmosphère post apocalyptique où résonne le rock industriel, ce film fait deviner derrière sa provocation le spleen d’une nouvelle jeunesse américaine. La fatalité qui marque au fer blanc les jeunes héros transforme ce film en une œuvre grinçante et forte !
Nowhere, sorti deux plus tard est autant une sitcom punk qu’une comédie de science-fiction délurée. Suivant la folle journée d’un groupe d’adolescents à Los Angeles, le long-métrage injecte, sous l’apparente futilité de cette jeunesse dorée à la dérive, un romantisme absolu traversé de crises existentielles. À l’approche d’un nouveau millénaire, Gregg Araki finit cette décennie avec un feu d’artifice ultra coloré, tragicomique et fantasmagorique…
Image de Nowhere utilisée pour le roman Les Lois de l'attraction de Bret Easton Ellis
Un chef d’œuvre : Mysterious skin
Adaptation d’un roman de Scott Heim, ce film, sorti en 2004, est une œuvre puissante et difficile qui décrit le traumatisme de deux adolescents abusés dans leur enfance. Avec ce long-métrage traitant donc des blessures du passé et de la résilience, Gregg Araki semble convier toutes ses obsessions thématiques dans des scènes naviguant en permanence entre différentes tonalités, parfois insoutenables, parfois tendres et poétiques. La scène finale qui voit les retrouvailles des deux personnages principaux est bouleversante et demeure sans doute l’une des plus belles du réalisateur. S’il est sans doute cliché de parler d’œuvre de la maturité, Mysterious Skin témoigne, cependant, du talent rare de son créateur, qui délaisse son exubérance habituelle, pour aborder un sujet particulièrement sensible. Les films suivants seront, notamment, une mise à jour de Nowhere avec Kaboom (lauréat de la première Queer Palm du festival de Cannes, en 2010) et un drame, White bird avec Eva Green, en 2014.
Pour aller plus loin :
Découvrez ou redécouvrez l’univers singulier de ce réalisateur avec l’excellente émission Blow up disponible sur Arte...
...ainsi qu'en empruntant ces documents disponibles à la médiathèque !