La projection des Sorcières de l'Orient s'est tenue vendredi 15 mars à la médiathèque en présence du réalisateur Julien Faraut. Il a pu présenter son film et échanger avec le public après la séance pour mieux nous expliquer son parcours de responsable des archives filmiques à l'INSEP et sa rencontre par bobines interposées avec les fameuses Sorcières. C'est en effet au contact d'images d'archives qu'il découvre cette équipe de volleyeuses japonaises dont l'intensité de l'entrainement lui rappelle de manière troublante une série d’animation bien connue dans nos contrées : Jeanne et Serge.
Il décide de partir à leur rencontre afin qu'elles racontent leur histoire, de leur recrutement à l'usine textile Nichibo jusqu'à leur victoire aux JO de Tokyo en 1964. C'est au cours de cette période que les joueuses japonaises enchaineront 258 victoires consécutives, devenant de véritables icônes nationales et inspirant quantité de productions culturelles parmi lesquelles Attack n°1, l'un des premiers mangas Shojo consacré au sport et bien sûr Jeanne et Serge (Atakkā Yū! au Japon).
Leur ascension fulgurante, perçue comme surnaturelle par leurs adversaires et la presse étrangère, leur vaudra le surnom de Sorcières de l'Orient. Si ce nom aux accents folkloriques est teinté d'un certain respect, il est également l'expression du choc de la presse occidentale face à la brutalité des entrainements menés d'une main de fer par l'entraineur Daimatsu, lui-même surnommé "le Démon" par sa propre équipe. Ce regard occidental est cependant à relativiser car il tend à réduire l'ambition et la détermination propres des Sorcières à la volonté d'un seul homme. Un point de vue quelque peu paternaliste et ignorant d'une certaine violence inhérente au sport de haut niveau quels que soient la discipline ou le genre de celles et ceux qui la pratiquent. D'où l'importance pour Julien Faraut de remettre au centre la parole de ces joueuses qui bien des années plus tard gardent un souvenir très vif de cette période de gloire.